Du père au fils, le Togo est passé d’un autoritarisme militaire à un autre sans jamais rompre le fil du pouvoir clanique. Une succession de cauchemars, et ce n’est pas qu’une formule. Elle décrit une tragédie politique où la continuité du régime se nourrit du silence, de la peur et de la résignation.
Mais l’histoire montre que même les régimes les plus enracinés finissent par tomber. La population togolaise connectée et consciente, ne rêve plus seulement d’un changement de visage, mais d’une véritable refondation politique. Le Togo n’a pas encore tourné la page Eyadema-Faure, mais il en écrit déjà les marges.
Le régime de Faure Gnassingbé s’est perfectionné dans l’art du contrôle. Il s’appuie sur un appareil répressif redoutable, une armée ethniquement verrouillée et une administration inféodée. L’es hommes en uniforme, souvent accusés d’exécutions extrajudiciaires, de tortures et d’arrestations arbitraires, servent de bras armé à un pouvoir qui redoute toute contestation.
Les manifestations pacifiques sont fréquemment interdites ou réprimées, les opposants politiques poursuivis sous des prétextes fallacieux et les médias indépendants bâillonnés. Les manifestations récentes de la population avaient suscité un immense espoir. Mais les arrestations arbitraires et les tueries ont fini par étouffer cette vague.
Face à la brutalité du pouvoir, l’opposition politique peine à se réinventer. Divisée, infiltrée et affaiblie, elle ne parvient plus à canaliser la colère populaire. Pourtant, malgré la fatigue et la peur, la société civile togolaise reste animée par un puissant désir de liberté. Les jeunes en particulier, refusent de se résigner. Sur les réseaux sociaux, dans la diaspora, ils portent la voix d’un peuple qui aspire à la dignité et à la démocratie. Les exilés politiques, les artistes engagés et les journalistes indépendants jouent un rôle crucial dans le maintien de la mémoire collective et la dénonciation des injustices.
Ce qui frappe au Togo, c’est la résilience du peuple. Malgré la peur, malgré les morts, malgré l’exil forcé de nombreux militants, la flamme de la liberté ne s’éteint pas. Elle brûle dans les cœurs, dans les mots, dans les chants et dans les silences.
Chaque génération togolaise a rêvé d’un changement véritable, celui d’un État de droit, d’institutions fortes, d’une justice indépendante et d’une gouvernance au service du peuple. Ce rêve n’est pas mort, il se transmet lentement mais sûrement de bouche en bouche, d’espoir en espoir.
Le Togo vit encore sous la menace d’une succession sans fin, d’une dictature qui se déguise en démocratie électorale. Mais les régimes autoritaires, à l’apparence solide, reposent toujours sur un socle fragile: la peur. Et lorsque la peur s’effrite, la liberté reprend ses droits.
L’histoire africaine montre que les peuples finissent toujours par se libérer. Le Togo n’y échappera pas. Car la soif de liberté, une fois éveillée, ne s’étanche jamais complètement.
Malgré les répressions, les emprisonnements et les tueries, le peuple togolais garde en lui une force indomptable : celle de croire en un avenir libre et juste. Les armes peuvent faire taire des voix, mais jamais des consciences.
Kossivi Agamah


